La question catalane : L’Union européenne entre fuite en avant fédérale, fragmentation interne et dissolution de ses États-membres
Les menaces et les risques polymorphes qui affectent l'Union européenne menacent à court et long terme la poursuite de l'intégration européenne et son existence même selon le scénario le plus extrême:
-la crise migratoire, l'immigration de masse et le multiculturalisme idéologique qui détricote la cohésion des nations et renforce une division Est-Ouest entre les États-membres
-les conflits dans sa proximité géographique qui renforcent les tropismes divergents de ses États-membres en matière de priorités géopolitiques,
-les ingérences multiples des acteurs extérieurs
Un autre risque de fragmentation potentielle émerge aussi avec le risque de dissolution interne de certains États-membres de l'Union européenne. En effet, le 1er octobre, le parlement de la Catalogne organise un référendum sur l'indépendance de cette province de l'Espagne. L'incertitude règne en ce qui concerne l'aboutissement immédiat de cette initiative, mais la possibilité d'une crise européenne supplémentaire va certainement perdurer dans le temps.
Si l'indépendance de la Catalogne est déclarée après un "oui " à ce référendum, un effet domino risque de se produire dans d'autres États travaillés par des mouvements séparatistes nationaux et régionaux. Les conséquences ne seraient sans doutes pas immédiates, mais un référendum positif renforcerait politiquement les mouvements politiques séparatistes dans d'autres États-membres, notamment en Ecosse, Flandres, Corse, Padania, Pays Basque, et inspirerait probablement les minorités hongroises en Roumanie et les minorités russes dans les pays Baltes. L'Union européenne hériterait d'une nouvelle crise qui s'additionnerait à toutes les autres crises et compliquerait la situation actuelle. Une réforme fondamentale de l'Union européenne est nécessaire pour sauvegarder le projet européen, mais si certains États-membres se disloquent, la tâche sera impossible car le projet ne sera viable qu'avec des nations fortes et des États-membres puissants.
Les efforts de Madrid pour endiguer ce processus semblent stimuler au contraire le mouvement séparatiste en Catalogne. A l'inverse du gouvernement espagnol, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a déclaré qu'il respecterait le choix des Catalans dans la cas d'un "oui" à l'indépendance. Il a aussi souligné que la Catalogne pourrait alors ensuite engager une procédure d'adhésion à l'UE. Dans le contexte du Brexit, la tentation est grande pour les intégrationnistes de l'UE de voir favorablement la fragmentation des États-nations, afin de renforcer le pouvoir des institutions européennes et engager une fuite en avant fédérale. Si la Catalogne déclarait son indépendance, cela renforcerait sans doute l'éventualité d'une indépendance de l'Écosse. L'Union européenne, dans le cas d'une indépendance de l'Écosse, pourrait chercher à faire adhérer ce nouvel État à l'UE et ainsi punir le Royaume-Uni sur la voie du Brexit. L'UE pourrait ainsi prétendre qu'elle continue son expansion alors qu'elle est actuellement en phase de régression géopolitique.
Pourtant, il semble impossible aujourd'hui que le gouvernement espagnol, opposé au séparatisme, n'approuve un tel scénario. La crise potentielle qui émergerait ne pourrait pas être résolue autrement que par des négociations politiques, mais constituerait une impasse à la suite de la divergence d'interprétation entre les institutions européennes et l'Espagne, et les États-membres entre eux.