L'Ouzbékistan organise un référendum sur sa nouvelle constitution le 30 avril prochain. Pourquoi est-ce important non seulement pour les citoyens ouzbeks mais aussi pour les Européens ?
Ce évènement est important à plusieurs titres dans le contexte géopolitique actuel très volatile. En effet l'Ouzbékistan occupe une place spéciale en Asie centrale son avenir joue un rôle central pour l'avenir de cette région, pour la stabilité de l'Eurasie toute entière à un moment ou le monde se fragmente avec le conflit en Ukraine, les tensions autour Taiwan et les déstabilisations s'aggravent dans le Caucase, au Proche Orient, dans les Balkans, et les risque d'instabilité perdurent en Asie comme en Afghanistan.
L'Ouzbekistan a largement contribué à éviter les conflits en Asie centrale et a promu une coopération régionale qui a engagé une dynamique positive. Cela est bénéfique pour toute l'Eurasie, Europe comprise.
Au niveau interne, l'Ouzbékistan a adopté une réforme progressive de la société pour éviter les chocs en retour. Le modèle ouzbek est un système unique qui combine une évolution démocratique innovante, en s'inspirant des réussites des modèles extérieurs, mais tout en préservant les héritages culturels et civilisationnels ouzbeks afin de préserver son enracinement dans la longue histoire de l'Asie centrale. L'Ouzbékistan aussi préservé jusqu'ici la stabilité géopolitique nécessaire à sa modernisation, en phase avec sa position géographique de lieu de rencontre et d'interface entre les grandes puissances et les grandes civilisations d'Eurasie. Comme laboratoire géopolitique pour stabilité et la modernisation en Eurasie, l'Ouzbékistan est sur trajectoire que les Européen ont tout intérêt à soutenir, et même s'inspirer.
La nouvelle constitution est une étape supplémentaire de la consolidation de ces acquis, pour poursuivre et renforcer les mutations de la société ouzbèque mais en préservant son modèle spécifique. Les citoyens ouzbeks sont appelés à se prononcer sur cette constitution révisée.
Après cette introduction, voici le discours de l'ambassadeur d'Ouzbékistan auprès des pays du Benelux et des missions auprès de l'UE et de l'OTAN, Dilyor Khakimov, tenu à Bruxelles le 27 mars 2023 :
"Au cours de l’année dernière, l'Ouzbékistan a, grâce au Président Shavkat Mirziyoyev, initié un processus de dialogue national. Des dizaines de milliers de citoyens ouzbeks y ont participé en exprimant suggestions et demandes. Cela a abouti à une constitution profondément révisée. Récemment, une série d’initiatives législatives ont été prises, qui pourraient bientôt entériner ce projet et ouvrir une nouvelle ère pour l'Ouzbékistan.
Le projet de Constitution a récemment été examiné par la Chambre législative et approuvé pour être soumis à un référendum le 30 avril. Ensuite, la Cour constitutionnelle d'Ouzbékistan a jugé que la décision de la Chambre législative d'organiser ce référendum était conforme à la Constitution. Puis, le Sénat a confirmé cette décision et approuvé la tenue à la date prévue de ce référendum constitutionnel.
Ces amendements représentent une transformation importante dans laquelle nous voulons voir « le nouvel Ouzbékistan », garantissant un État démocratique moderne qui assurera les droits et libertés de chaque individu. Là où autrefois l'État passait en priorité, le citoyen passera désormais en premier, ce qui constitue un changement radical par rapport à notre histoire récente. Nous sommes convaincus que chaque citoyen d'Ouzbékistan pourra affirmer avec fierté et confiance: "C'est ma Constitution”.
Tous ces amendements ont été élaborés et rédigés conformément à une série de lois internationales, notamment la Déclaration universelle des droits de l'homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Des exemples de constitutions et de processus d'amendements d'autres pays du monde entier ont également été utilisés comme source d’inspiration pour de meilleures pratiques.
Le référendum ne se limite pas simplement à l'approbation d'un document. En réalité, les citoyens auront à décider s'ils souhaitent que l'Ouzbékistan soit reconnu, par cette nouvelle Constitution, comme un État souverain, démocratique, légal, social et laïc. Ils devront également décider s'ils souhaitent que le pays s'engage davantage en faveur de la protection des droits de l'homme, des valeurs démocratiques et de l'égalité au sein de la population multiconfessionnelle et multiethnique de l’Ouzbékistan. Les citoyens donneront ainsi réellement leur avis sur le programme de réformes globales du président.
II apparaît clairement que ce processus de réforme vise à renforcer les garanties des libertés et des droits fondamentaux des citoyens du pays. De fait, le nouveau texte établit que les droits et libertés du citoyen lui appartiennent dès la naissance, y compris la liberté d'expression, celle des médias et la liberté de réunion.
Ils décideront également s'ils souhaitent consacrer les principes de l'État de droit, de la représentation démocratique, de la séparation des pouvoirs et une société civile renforcée. En outre, ces réformes visent à soutenir le développement économique dans un environnement d'investissement et d'entreprises solide, tout en respectant d'importantes normes de protections environnementales.
La nouvelle Constitution énoncera pour la première fois que les droits et les libertés de l'homme ne sauraient être limités que conformément à la loi et seulement dans l’optique de la protection de l'ordre constitutionnel, de la santé et de la moralité publique, ainsi que les droits et libertés d'autrui, tout en assurant la sécurité et l'ordre public. En outre, le principe d'habeas corpus sera inscrit dans la Constitution, qui établira que la loi fondamentale est l’échelon juridique suprême dans tout le pays, créant ainsi un cadre juridique exclusif à l'échelle de la nation.
Le gouvernement aura désormais la responsabilité d'assurer une croissance économique durable, une stabilité macroéconomique et une mise en œuvre de mesures visant à réduire la pauvreté, à garantir des conditions de vie décentes et à assurer la sécurité alimentaire. Il y a également des clauses qui, concernant l’économie, traitent de la concurrence loyale, de la protection de la propriété privée et du développement d'un climat favorable aux investissements et aux affaires. La Constitution reconnaît également l'importance de la protection de l'environnement, notamment pour la mer d'Aral particulièrement vulnérable, et de l’exploitation rationnelle et mesurée des ressources naturelles du pays.
L'étendue des réformes peut être mesurée en chiffres : il y a 155 articles dans la nouvelle constitution proposée, contre 128 dans le document actuel ; 434 normes contre 275 actuellement ; et le nombre de dispositions spécifiques sur les droits de l'homme et les libertés a plus que triplé ; ainsi soixante-cinq pour cent de la Constitution existante a été modifiée. Combinés, ces chiffres démontrent qu’il ne s’agit pas simplement d’une Constitution amendée, mais d’une Constitution entièrement renouvelée.
L'Ouzbékistan a déjà beaucoup évolué ces dernières années, mais nous visons encore plus haut. Je suis fier de présenter notre nouvelle Constitution et j’ai confiance en les citoyens ouzbeks qui, fin du mois prochain, se rendront aux urnes pour voter les modifications les plus importantes de leur Constitution depuis plus de 30 ans."