L’Union européenne est parvenue à un accord le 26 juin à Luxembourg pour ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Albanie et l’ex-république yougoslave de Macédoine, en juin 2019, après les élections européennes. Auparavant, les premiers ministres de l’ancienne république yougoslave de Macédoine et de la Grèce s’étaient mis d’accord que sous réserve d’accords parlementaires, l’ex-république yougoslave de Macédoine s’appellera désormais la République de Macédoine du Nord. Les pressions sur les deux premiers ministres ont du être énormes, les promesses aussi. L’accord sur le nom doit encore être soumis à un référendum et le résultat incertain car la droite macédonienne a appelé à voter «non». L’issue de ce référendum va déterminer l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’UE et le processus d’intégration au sein de l’OTAN.
La France, les Pays-Bas et le Danemark ont freiné lors des négociations. Le président français Emmanuel Macron, a faire admettre le principe de plusieurs conditions. Les deux pays doivent avoir progressé dans leur lutte contre la criminalité et la corruption, ainsi que dans l’amélioration du fonctionnement de leurs systèmes judiciaires. L’élargissement de l’UE est très controversé dans l’opinion et la classe politique en France. Le président français souhaite aussi faire progresser la réforme de l’UE avant un nouvel élargissement et éviter que cette question se télescope avec les élections européennes. Le gouvernement allemand est par contre favorable à des élargissement supplémentaires dans les Balkans. Cette différence de priorités entre l’Allemagne et la France, élargissement contre approfondissement, n’est pas nouvelle. Elle se situe dans le prolongement de la rivalité géopolitique franco-allemande depuis les premiers élargissements de l’UE depuis la chute du mur de Berlin jusqu’à aujourd’hui. La France est en réalité réticente aux élargissement de l’UE car elle craint un déplacement du centre de gravité de l’UE ver l’Est et les Balkans qui renforcent le poids de l’Allemagne comme puissance centrale, et renforcent les priorités géopolitiques de l’Allemagne dans le projet européen. Lors des élargissements précédents, la rivalité franco-allemande a provoqué une fuite en avant de l’élargissement de l’UE, car la France a voulu accélérer l’inclusion de la Roumanie et la Bulgarie pour contrebalancer la priorité de l’Allemagne sur les Etats dans sa proximité géographique, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie. L’Allemagne aussi promu l’élargissement à la Croatie et la Slovénie, pays proches de la Mitteleuropa, l’hinterland géopolitique de l’Allemagne.
En effet, le gouvernements allemand, soutenu par les Américains ont pour objectif d’élargir l’UE et l’OTAN dans tous les Balkans pour les soustraire définitivement à la Russie, mais aussi la Turquie, et la Chine avec son projet de route de la Soie. lls procèdent donc par étapes pour embarquer le plus dur à la fin, Kosovo et Bosnie. Leur rêve implicite est de créer une dynamique positive pour ensuite se préparer à élargir aux pays du partenariat oriental dans quelques décennies, et repousser la Russie dans ses terres continentales. Pour l’UE , l’objectif est aussi de montrer qu’elle est à nouveau en expansion, et non plus en sur une trajectoire de fragmentation avec le Brexit.
Cependant, de nombreux grains de sable vont gripper cette mécanique. On voit mal aussi comment l’UE avec tous les pays des Balkans pourrait mieux fonctionner, alors quelle est déjà en sur-extension et bloquée sur un grand nombre de thématiques. La Macédoine, l’Albanie, le Kosovo et la Bosnie dans l’UE cela signifie de facto accepter l’influence de la Turquie dans le projet européen, mais aussi de la Russie via la Serbie, et les Etats-Unis via l’Albanie et le Kosovo ( Qui héberge la base US de Bondsteel). La question de l’officialisation de l’islam politique dans l’UE s’imposera aussi, et donc le renforcement des ingérences extérieures.
Cet élargissement n’est donc pas basé sur l’objectif d’un renforcement du projet européen en terme de puissance, mais pour se couler dans les priorités euro-atlantiques soutenues avant tout par l’Allemagne et les Etats-Unis, qui avaient promu la désintégration de la Yougoslavie.
L’UE va importer toutes ces lignes de fractures et cela risquerait de compliquer encore plus la résolution des crise qui se sont empilées. Les territoires de ces Etats au sein de l’UE risquent d’être des diviseurs de puissance. C’est peut-être un aiguillon pour obliger l’UE à se réformer ! Mais on est en droit de douter que l’on arrive facilement à réussir ce nouvel élargissement, car tout élargissement ne peut se faire à l’avenir qu’au rabais avec le Brexit, et contre l’avis des peuples dans l’UE du moins.