Enrayer le risque de guerre nucléaire en Europe
La décision en janvier 2021 de prolongation pour cinq ans du traité du traité de désarmement nucléaire New Start par les Etats-Unis et la Russie, à l’issue de l’élection du président Joe Biden, constitue la première avancée diplomatique entre les deux pays depuis la dégradation continue des relations entre les deux pays depuis le années 2000.
Cette avancée est importante pour la sécurité de l’Europe, toutefois elle est insuffisante.
Il faut en effet rappeler que sous l’administration de Donald Trump, les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement de quatre autres accords : le traité antiballistique ABM en 2002, le traité INF sur les missiles terrestres de moyenne portée en 2019, le traité Ciel ouvert de vérification des mouvements militaires et de limitation des armements en 2020. La Russie a en conséquence, elle aussi, quitté ce dernier accord. La France et l’Allemagne avaient regretté ces décisions.
Comme lors de la Guerre Froide, une relance des armements nucléaires entre les États-Unis et la Russie, notamment les armes nucléaires intermédiaires, serait un facteur de dégradation supplémentaire de la sécurité des Européens dont le territoire est redevenu le théâtre principal de la rivalité russo-américaine. L’Europe est un enjeu géopolitique entre les visions concurrentes des États-Unis et de la Russie, pour les questions de sécurité mais aussi de rivalité de pouvoir depuis l’élargissement de l’OTAN aux frontières de la Russie.
Les Etats-Unis ont étudié la possibilité de déployer des missiles à portée intermédiaire en Europe. L’OTAN a affirmé ne pas vouloir se lancer dans une course aux armements et refusé jusqu’à présent la perspective d’installer de nouveau missiles sur le territoire européen Toutefois cette posture étant par nature précaire face au risque d’escalades qui ferait des Européens les grands perdants d’une nouvelle course aux armements, l’idée d’une nouvelle architecture européenne de sécurité de Lisbonne à Vladivostok devient encore plus pertinente. En effet, seule une négociation d’envergure continentale incluant la Russie est susceptible de rétablir la confiance et maîtriser cette nouvelle course aux armements qui n’a pas de sens pour les intérêts géopolitiques des nations européennes.
Une rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine est prévue pour l’été 2021, et les questions de désarmement seront surement abordées. Afin que leurs intérêts soient pris en compte et qu’ils ne soient pas écartés de ces consultations qui pourraient inaugurer à nouveau un condominium américano-russe sur les questions nucléaire en Europe, comme lors de la guerre froide, les Etats européens préoccupée de ces enjeux devraient exprimer leurs attentes avant cette rencontre, en particulier la France et l’Allemagne. Pour enrayer le risque de guerre nucléaire sur leur territoire et éviter une nouvelle course aux armement nucléaires de moyenne portée, il serait judicieux pour les Européens de proposer un gel du programme de défense anti-missile et d’un moratoire contre l’installation d’armes nucléaires intermédiaires en Europe