La menace géopolitique pour la France est le terrorisme islamiste, pas la Russie
Les assassinats islamistes à Arras en France et à Bruxelles, mais aussi la réactivation violente du conflit israélo-palestinien dont la guerre Hamas-Israël est une composante qui risque de s’importer en France, démontrent que les menaces principales pour la France proviennent de l’arc de Crise au sud, et non pas la Russie dans l’arc de crise à l’est de l’Union européenne. Non seulement des citoyens français meurent dans des attentats islamistes mais une cinquième colonne islamiste issue de l’immigration de masse extra-européenne et susceptible d’être aussi manipulée de l’étranger se développe sur le territoire français. On peut s’attendre à terme à l’éclatement de conflits civils suite à la fracturation géopolitique de la nation.
Depuis 2014 (coup d’Etat à Kiev), et particulièrement depuis 2022 (intervention russe en Ukraine provoquée par Washington après son refus de stopper l’élargissement de l’OTAN pour poursuivre son encerclement de la Russie), Paris et les Etats membres de l’OTAN et de l’UE, en alignement avec les priorités géopolitiques de Washington, se sont focalisés sur une menace russe qui n’existe pas pour la France. Cette focalisation sur le flanc Est, en détournant les vrais enjeux géopolitiques pour la France et à la remorque d’un système d’alliances (l’OTAN et l’UE vassalisée) nous aspire vers une confrontation avec la Russie mais aussi la Chine. Cette évolution est en contradiction avec nos intérêts selon la vision gaullienne de puissance d’équilibre dans une Europe de Brest à Vladivostok et prive Paris en termes de moyens financiers, de temps et de réflexion géopolitique pour faire face aux vraies menaces.
Les transferts financiers à fonds perdus et les armes envoyées au régime de Kiev seraient plus utiles pour renforcer les capacités militaires nationales, et non pas le complexe militaro-industriel otanisé au service de Kiev et donc les priorités géopolitiques de Washington. Les tonnes d’armes envoyées en Ukraine, pays réputé pour sa corruption abyssale s’éparpillent en Europe et dans le monde et vont inévitablement tomber dans les mains de terroristes islamistes comme cela s’est produit lors de la guerre de l’OTAN contre la Yougoslavie.
Cette énergie, ce temps et cet argent gaspillés en Ukraine seraient plus utiles pour combattre l’inexorable renforcement de l’islamisme sur le territoire français, stopper l’immigration de masse et donc sécuriser les frontières de la France et de ses voisins européens, combattre les acteurs, Etats ou réseaux criminels, qui aggravent la crise migratoire, et enfin faire face au prosélytisme islamiste du Qatar, de la Turquie et de l’Arabie Saoudite. En clair, s’éloigner à propos de cet enjeu, des alliances à risques. Ce combat devra être mené en parallèle de l’abandon de l’idéologie de la société ouverte (la démocratie libérale et multiculturaliste d’inspiration américaine promue par l’UE) qui débouche sur une France ouverte à tous les flux et qui perd sa culture nationale et ses racines civilisationnelles européennes.
Enfin il sera nécessaire de se préparer à la guerre de haute intensité contre des Etats ou les interventions ciblées contre les groupes terroristes djihadistes qui menacent directement la France, principalement en Méditerranée.
Vis à vis des conflits qui ne concernent pas la France directement comme le conflit en Ukraine et le conflit israélo-palestinien, jouer le rôle de puissance d’équilibre au sein d’un nouveau concert de puissances mondiales serait plus judicieux.
La France et l’Europe, coincées entre deux arcs de crises, se trouvent dans la pire configuration géopolitique depuis la guerre froide. Les changements de régimes, interventions militaires et guerres par procuration (avec le concours des extrémistes islamistes comme en Syrie ou les bandéristes néonazis du régime de Kiev) provoqués par Washington et ses alliés de l’OTAN en Serbie, Irak, Libye, Ukraine et la tentative en Syrie, pour imposer la suprématie de Washington dans l’espace euro-atlantique en expansion, souvent avec Paris sous l’influence des idéologues atlantistes, ont abouti à cette configuration qui menace la sécurité mais aussi la marge de manœuvre géopolitique de la France. Lors de la guerre américaine en Irak en 2003, Paris qui n’était pas encore sous l’hégémonie des idéologues atlantistes, avait refusé avec raison d’y participer et avait fait la promotion visionnaire d’une Europe continentale sur l’axe France-Allemagne-Russie.
Pour faire face aux menaces provenant de l’arc de crise Sud qui s’enchevêtrent avec la menace islamiste sur le territoire français et européen, il faudrait éviter de se disperser sur deux fronts. Cela signifie un rapprochement avec la Russie pour surmonter le conflit en Ukraine (notamment stopper définitivement les élargissements OTAN) et négocier une nouvelle architecture européenne de sécurité dans un monde multicentré. D’autant plus que la Russie est ouverte à la négociation sur un nouvel ordre spatial et géopolitique, mais sur un pied d’égalité géopolitique et sur le principe des intérêts communs européens et non pas occidentalistes avec l’acceptation de la diversité des civilisations. C’est la seule option qui fait sens du point de vue géopolitique.
(voir les cartes » Les menaces de fragmentation géopolitiques au niveau national et européen » de 2017 et « L’Union européenne entre deux arcs de crise que j’ai élaborée en 2014 il y a presque ans et qui souligne déjà la dérive vers la configuration actuelle )