La Pologne, nouveau cheval de Troie des Etats-Unis

La Pologne, nouveau cheval de Troie des Etats-Unis

8 février 2025 0 Par Pierre-Emmanuel Thomann

A l’occasion de la présidence polonaise de l’Union européenne, on voit apparaitre en France dans les médias, la classe politique et experts des réseaux euro-atlantiste le narratif d’un nouveau pivot de la France vers l’Europe centrale et orientale, notamment la Pologne mais aussi la Roumanie et les pays baltes.  

Ce pivot, si l’on espère élargir la marge de manœuvre géopolitique de la France et avancer vers une plus grand autonomie stratégique européenne, est une illusion.

La Pologne est en effet le cheval de Troie des intérêts géopolitiques des Etats-Unis pour les raisons suivantes

Du point de vie géopolitique, la Pologne est l’Etat pivot des Etats-Unis pour diviser le continent européen et torpiller toute entente sur l’axe Paris-Berlin Moscou-Pékin. La Pologne a initié, avec les Etats-Unis, le projet d’Initiative des Trois Mers, destiné à réorienter les infrastructures, énergétiques notamment Nord-Sud pour accueillir le gaz de schiste américain et fragmenter géopolitiquement l’Europe. D’où le sabotage de Nord Stream par Washington, avec l’approbation de la Pologne. J’ai déjà abordé cette question ici https://cf2r.org/tribune/sabotage-de-nord-stream-un-acte-de-guerre-contre-la-russie-et-leurope-dans-linteret-de-washington-et-de-linitiative-des-trois-mers/

S’aligner sur la « Pologne américaine » sous prétexte d’un nouveau pivot de la France, c’est s’engager dans une nouvelle guerre froide contre la Russie au bénéfice de Washington. La Russie est intervenue en Ukraine, pour mettre un coup d’arrêt à la stratégie d’encerclement de la Russie par Washington/OTAN, appuyée par la Pologne engagée dans une politique revanchiste vis à vis de la Russie. La Pologne est au service de la politique impériale des Etats-Unis.

La Pologne, à propos des proposions de la commission européenne sur un marché européen de la défense (EDIP), en synergie avec l’Allemagne et les Pays-Bas, ont pour objectif de fusionner les BITD américaines et européenne. En effet, du point de vue de la Pologne, à l’unisson avec l’Allemagne, les Pays Bas et les Pays baltes, les programmes européens consacrés à la défense ainsi que les achats d’armements devraient être ouverts aux pays tiers , principalement les Etats-Unis, Israël, La Corée du sud, la Turquie. La France s’oppose à ce cette clause et exige à l’inverse une préférence européenne lorsqu’il s’agit des financements de l’UE.

si les propositions de la  Pologne étaient acceptées pour le nouveau marché européen de la défense (EDIP),de pouvoir inclure les pays tiers cela reviendrait  à  faire financer en partie l’industrie de défense américaine mais aussi polonaise par les contribuables français. La Pologne achète américain, notamment les F35, La solidarité est donc à sens unique, la France est solidaire sur le plan de la politique régionale de l’UE, mais la Pologne s’oppose à la préférence européenne. La Pologne ne s’associe pas à l’objectif français d’une plus grande indépendance stratégique, malgré les déclarations convenues de la communication politique. Les contribuables français, du fait  du statut de la France comme contributeur net à l’UE, de facto, donne une marge de manouvre financière à  la Pologne qui lui permet de financer ses F35 américains de  manière indirecte grâce aux aides de l’UE que reçoit la Pologne. En fin de copte, la Pologne, comme par le passé privilégiera toujours les Êtats-Unis au détriment de la France pour ses achats d’armement.

S’aligner pour la France sur cette « Pologne américaine », c’est s’engager dans une nouvelle guerre froide contre la Russie au bénéfice de Washington. La Pologne est au service de la politique impériale des Etats-Unis. La Russie est intervenue en Ukraine, pour mettre un coup d’arrêt à la stratégie d’encerclement de la Russie par Washington/OTAN, appuyé par la Pologne engagée dans une politique revanchiste vis à vis de la Russie. La Pologne, dans l’UE, remplit le rôle du Royaume-Unis comme cheval de Troie des priorités géopolitiques des Etats-Unis, et d’affaiblir l’axe géopolitique franco-allemand.

Un pivot vers la Pologne, c’est donc un alignement de la France sur l’Europe américaine, sous prétexte d’une menace russe qui n’existe pas pour la France. Cela va à l’encontre des intérêts géopolitiques de la France selon la vision gaullienne d’une Europe continentale où la Russie est élément d’équilibre nécessaire