Les relations entre l’Union européenne et la Russie : une autre voie est nécessaire depuis l’élection de Donald Trump
Depuis la crise en Ukraine, les relations entre l'ensemble euro-atlanttique et la Russie ont perdu leur caractère pragmatique et constructif. Depuis 2014, l'Administration du président Barack Obama a fait pression sur L'Union Européenne pour imposer des sanctions afin de faire pression sur la Russie et l'obliger d'être plus accommodante sur la question ukrainienne. Ces sanctions peuvent aussi être comprises comme l'instrument opportun d'une politique d'endiguement et affaiblissement de la Russie sur l'échiquier géopolitique mondial , dans l'espoir de provoquer le mécontentement de la population vis à vis du président Vladimir Poutine, afin de provoquer un changement de régime.
Les attentes des gouvernements les plus euro-atlantistes se sont-elles réalisées ?
Il faut se rendre à l'évidence que non. Dans des conditions de pression politique extérieure doublée d'une conjoncture économique défavorable, la Russie a pourtant réussi à obtenir des succès dans ses politiques extérieures et intérieure.
Un des succès principaux de la politique étrangère Russe est son intervention au Proche-Orient. Les Russes se sont réimposés au Moyen Orient, comme chef de file d'une coalition engagée dans la lutte contre le terrorisme islamiste en Syrie, incluant l'Iran comme partenaire stratégique. L'intervention des militaires russes en Syrie à évité à l'état syrien de s'effondrer et a réussi à le remettre en posture de jouer le rôle de rempart du terrorisme dans la région pour endiguer la menace, non seulement contre l'Etat islamique mais aussi contre tous les rebelles de la mouvance islamiste comme le Front Al Nusra qui a changé de nom en Front Fatah al Cham, et défendre ainsi la sécurité de toute l'Eurasie. Les initiatives russes de cessez-le-feu ont contribué à la diminution des combats en Syrie et le relance du processus politique de négociation. La coalition dirigée par les États-Unis avait quand à elle choisi la stratégie inverse de soutenir des groupements armés de l'opposition "modérée" dans leur lutte contre le régime de Bachar al-Assad avant de combattre l'Etat islamique. En définitive, les gouvernements de la coalition des Etats-Unis sont passés du statuts de leader potentiels du règlement de la crise en Syrie en observateurs.
Même le Japon, qui s'était aligné jusqu'à récemment sur la position des États-Unis vis à vis de la Russie, a décidé d'entreprendre des relations plus constructives avec la Russie. Au cours de sa visite en décembre 2016), le president russe Vladimir Poutine a négocié avec le premier-ministre nippon Shinzo Abe une série d'accords économiques. Si les Japonais ont toujours pour objectif géopolitique de reprendre les Iles Kouriles, une amélioration des relations a été considérée comme plus avantageuse pour la poursuite des négociations, à ce moment précis du retour en force de la Russie dans la géopolitique proche-orientale.
En ce qui concerne l'Ukraine, le gouvernement russe a choisi la modération face aux provocations de Kiev dans le Donbass et en Crimée, qui est devenue de facto un territoire russe, après un changement de régime en 2014. Le gouvernement Russe s'est toujours prononcé pour le maintien du format «Normandie» comme un outil principal du règlement du conflit à l'est de l'Ukraine, et de poursuivre les accords de Minsk II, alors même que le gouvernement Ukrainien n'a toujours pas rempli ses obligations et n'a pas mis en oeuvre la changement de constitution,
Il faut garder à l'esprit que le gouvernement russe ne pourrait pas obtenir de succès dans sa politique étrangère, sans préserver la stabilité intérieure et le soutien de la majorité de la population. Les sanctions économiques ont évidemment causé des dégâts à l'économie russe mais l'économie russe ne s'est pas effondrée, mais ont même réussi à recréer une base pour une croissance industrielle dans les conditions extrêmement défavorables avec les prix en baisse du pétrole. En outre la Russie a non seulement préservé ses réserves financières, mais elles ont augmenté, notamment grâce à la hausse de l'euro car ces fonds sont en partie libellés en euro. L’adoption du budget de trois ans par la Douma d'État témoigne aussi de la stabilité économique de la Russie.
Les relations entre l'Union Européenne et la Russie sont pourtant restées sur la même trajectoire pendant l'année passée, et les gouvernements de l'UE ont décidé de la prolongation des sanctions pour 2017. Les mesures restrictives que le gouvernement russe a prises en rétorsion ont déjà coûté aux pays européens 17,6 milliards d'euro et 400 000 emploi en 2015 (selon un rapport de l'Institut autrichien pour la Recherche économique). Ces dommages collatéraux sur l’UE ont provoqué le mécontentement du monde des affaires et d'une partie croissante du monde politique dans les oppositions mais aussi au sein des gouvernements en place. Les populations de certains pays d'Europe orientale ont commencé à se rebeller contre la rhétorique antirusse de l’Union Européenne. Les résultats des élections présidentielles en Bulgarie et en Moldavie en témoignent précisément. Dans ces deux pays, la victoire est revenue aux candidats, qui ont promis un dialogue plus constructif avec la Russie.
En ce qui concerne la politique intérieure russe, les élections législatives de 2016 sont été un test réussi pour le soutien de la population à la politique extérieure et intérieur du gouvernement russe. Le parti au pouvoir "Russie Unie" a remporté la victoire tandis que les représentants de l'opposition "Parnas" et "Yabloko" n’ont pas pu obtenir de siège au parlement.
En conclusion, force est de constater que malgré les sanctions économiques des Occidentaux et la tentative d'isolement de la Russie, le gouvernement Russe a préservé la stabilité politique et économique et un haut niveau de confiance de la population au président et au gouvernement.
L'arrivée de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis laisse présager d'une inflexion de la politique des Etats-Unis. le président américain a souligné que la politique des sanctions ne menait nulle part et se prépare à négocier des accords avantageux entre les USA et la Russie. Dans ce conditions, n'est t-il pas temps pour les Etats de l'Union Européenne de procéder à une inflexion de leur politique à l'égard de la Russie pour mieux défendre leurs propres intérêts ? Dans le cas inverse, les Européens vont s'isoler eux-mêmes et resteront, avant comme après la nouvelle période qui s'ouvre, les grands perdants de cet épisode.