Trump et le risque de vassalisation aggravée des Européens
Méfiance, Donald Trump, c’est « America First », ce n’est pas lui qui sauvera la France et l’Europe. Il a annoncé vouloir extirpé les Etats-Unis du conflit en Ukraine, mais c’est avant tout parce que le continuum Washington/OTAN/UE/KIEV a provoqué et perdu cette guerre. Les admirateurs de Trump se réjouissent, soit, il est temps d’arrêter de soutenir le régime de Kiev. mais il faut rappeler que les objectifs géopolitiques américains risquent de ne pas changer , faire de l’Europe un Rimland pour encercler l’Eurasie (Rimland européen et Rimland indo-pacifique) et empêcher une coopération sur l’axe Paris-Berlin-Moscou-Pékin, même si cette doctrine géopolitique est en faillite car elle ne parvint pas à endiguer le monde multipolaire (sauf pour l’UE vassalisée). Elle transcende les partis Démocrates ou Républicains, mais avec des nuances: si le nouvel objectif est d’attirer Moscou pour encercler la Chine, cela ne fonctionnera pas Il faut aussi se souvenir que Donald Trump avait inauguré le projet d’Initiative des Trois Mers pour exporter le gaz américain en réorientant les infrastructures énergétiques (et de transport ) Nord-Sud (et non plus Est-Ouest), dans le cadre de la grande stratégie américaine de provoquer une fracture géopolitique entre l’Europe de l’Ouest de la Russie. Donald Trump était opposé à Nord Stream, même si c’est Joe Biden qui a fait saboter les gazoducs. Il avait autorisé la livraison d’armes léthales à Kiev. Le nouveau président a dit vouloir arrêter le conflit en Ukraine. Soit, mais Washington va refiler la patate chaude aux Européens, et ses volets militaires et financiers, après avoir provoqué ce conflit et l’avoir perdu. La manoeuvre des Américains, Trump inclus (et Biden s’en rapprochait) est la suivante : après avoir consommé les Ukrainiens, le continuum Washington/OTAN/UE cherche à faire des Européens de OTAN/UE, des Etats-fronts dans une Nouvelle Guerre froide (avec front figé au milieu de l’Ukraine) contre la Russie. Le retrait américain ne sera qu’apparent mais avec un accroissement des exportations d’armes américaines (chantage, armes contre garantie de sécurité pour une menace russe qui n’existe pas pour la France) et en imposant les priorités géopolitiques américaines en termes de doctrine et vision du monde l’objectif de torpiller toute entente sur l’axe Paris-Berlin-Moscou-Pékin serait maintenu, avec la complicité des classes politiques européennes américanisées et les complexes militaro-industriels otanisées, Français inclus, qui veulent prendre le pouvoir et faire des bénéfices par opportunisme, mais alignés sur les priorités géopolitiques américaines contre la Russie et la Chine. C’est la poursuite de la vassalisation géopolitique de la France et des nations nations européennes, par incapacité à imaginer une stratégie géopolitique alternative. Mais les Russes, n’accepteront pas la nouvelle escroquerie qui consisterait à geler le conflit sur les lignes actuelles. Moscou va poursuivre son opération jusqu’à l’atteinte de ses objectifs annoncés depuis 2021 et 2022. Comment vont-ils réussir à camoufler l’humiliation géopolitique du continuum Washington-OTAN-UE-Kiev qui perd ce conflit?
Il faut ainsi anticiper la faillite inéluctable de la stratégie opportuniste d’Emmanuel Macron et son réseau de néoconservateurs, qui consiste à poursuivre le soutien militaire à Kiev en alignement des priorités géopolitiques américano-allemandes, mais en cherchant à se substituer partiellement aux Etats-Unis pour les livraisons d’armes, afin de positionner le complexe militaro-industriel français otanisé vis à vis de Kiev mais aussi des partenaires européens de l’OTAN. Berlin va chercher à négocier avec Moscou en rivalité /complémentarité de Washington et isoler Paris, qui a fait l’erreur stratégique de trop se rapprocher des capitales anti-russes, Londres, Varsovie, Roumanie, baltes..; en contradiction de la posture française antérieure plus modérée. Poursuivre le soutien à Kiev va simplement retarder la sortie de crise et aggraver la défaite de Kiev et des capitales européennes, qui n’ont pas compris que la bascule géopolitique était en faveur de Moscou. Face à une escalade de Moscou, les Européens OTAN/UE ne seront pas capables d’y faire face.
Non seulement Kiev, mais aussi les membres OTAN préfèreront toujours les armes américaines, car ils ne sont pas souverains et se positionnent comme supplétifs de la manoeuvre géopolitique américaine d’encerclement/confrontation contre la Russie. Mais ils perdent la guerre et on ne sait pas ce qu’il restera de l’Ukraine. La France perd en fin de compte sur les deux tableaux : elle échouera à faire émerger une base industrielle de technologie et de défense (BITD) européenne centrée sur la France car il y a une fusion en cours entre la BITD américaine et les petites BITD des Etats membres européens de l’OTAN, et Paris fait de la Russie un ennemi, en totale contradiction avec les intérêts géopolitiques de la France comme nation d’équilibre qui a besoin d’un pivot vers la Russie pour contrebalancer l’hégémonie américaine et allemande dans l’UE